L’arrêt cardiorespiratoire (ACR) déclenche en règle des manœuvres de réanimation qui n’empêchent pas l’apparition rapide de troubles de l’équilibre acidobasique dont l’acidose métabolique est la plus représentative.
L’absence de redémarrage de l’activité cardiaque aboutit à d’autres désordres biologiques touchant notamment l’équilibre hydro-électrolytique et l’hyperkaliémie en est la traduction la plus significative. La valeur pronostique de ces signes biologiques est mal établie, même si elle semble relever de l’évidence.
Une étude multicentrique rétrospective a passé en revue les données cliniques et biologiques recueillies chez 2 716 patients victimes d’un ACR survenu en dehors du milieu hospitalier, entre janvier 2009 et décembre 2014 au sein de trois établissements universitaires. Des analyses univariées et multivariées ont permis de déterminer les facteurs associés à la survie et au pronostic neurologique. Au total, l’analyse finale a porté sur 2 229 patients, ceux qui n’ont pas récupéré une circulation spontanée avant l’arrivée à l’hôpital, mais aussi ceux qui ont bénéficié d’un bilan sanguin rapide au cours de l’ACR.
pH > 6,8 et kaliémie < 8,5 meq pour ceux qui ont eu une évolution favorable
Globalement, le taux de survie s’est avéré faible, de l’ordre de 14 %. Sans séquelles neurologiques majeures, les résultats sont encore pires, soit 4,4 % de survivants. Le pH sanguin est apparu comme une variable indépendante étroitement associée au pronostic : (1) taux global de survie à la sortie du milieu hospitalier : odds ratio ajusté 6,287, intervalle de confiance à 95%, IC, 2,601-15,197; p < 0,001) ; (2) taux de survie sans séquelles neurologiques majeures ; OR ajusté, 15,395, IC, 3,439-68,911; p < 0,001). Il en a été de même pour la kaliémie. Les rares patients qui « s’en sont sortis » sur le plan neurologique avaient tous un pH > 6,8 au cours de l’ACR et la kaliémie n’avait pas dépassé 8,5 mEq/l.
Le pH et la kaliémie sont deux variables étroitement associées au pronostic de l’ACR survenant en dehors du contexte hospitalier, ce qui n’est pas une surprise. Encore fallait-il le vérifier, mais il semble difficile d’utiliser ces variables pour décider de la poursuite des manœuvres de réanimation, d’autres critères plus simples étant en règle appliqués à cette urgence extrême…
Dr Philippe Tellier
Référence
Shin J et coll. : Initial blood pH during cardiopulmonary resuscitation in out-of-hospital cardiac arrest patients: a multicenter observational registry-based study.Crit Care,2017;21 : 322-329 Copyright © http://www.jim.fr